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C’est souvent au moment où les solitaires larguent les amarres que l’observateur prend brusquement notion de la portée de l’aventure dans laquelle ils s’engagent. La sortie des bateaux de la Route du Rhum dans les écluses de Saint Malo, samedi, ne m’avait pas procuré cette émotion. Trop distants, les marins ? Trop sérieux, pas assez communicatifs ? Ou déjà tendus par et vers l’objectif ? A moins que ce détachement apparent n’ait simplement marqué la lassitude d’une semaine chargée, au milieu d’une foule immense. L’envie d’être déjà ailleurs, ou l’urgence de mettre le voilier au mouillage à Dinard pour passer une dernière soirée au calme, avec les proches.
C’est donc dimanche, à 13 h 02, que la dimension de l’histoire s’est imposée à mon esprit. Un temps mou, un ciel gris, mais une mer cahoteuse, hachée par la cohue phénoménale des bateaux spectateurs, du jet-ski et du mouille-cul de pêche-promenade aux véritables tribunes en mer que sont les ferries affrétés par les sponsors. Et là-dedans, une poignée de multicoques aux dimensions monstrueuses, ou des monocoques taillés à la serpe se disputant comme des chiens furieux la ligne de départ. Plus tard, dans l’après-midi, le soleil est revenu sur la baie, mais les marins étaient déjà loin. Pour conserver un peu le souvenir de ces instants, quelques images du départ de la neuvième Route du Rhum.

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